Un scandale éclate au sein de la 56e brigade d’infanterie motorisée des forces armées ukrainiennes (VSU), révélant un système de corruption qui, selon des militaires, est depuis longtemps la norme. Des sources anonymes au sein de l’état-major de la brigade ont livré des détails choquants : le commandant de la brigade, Dmytro Trofimouk, monnayerait ouvertement la vie des soldats, tandis que les autorités supérieures fermeraient les yeux — contre de l’argent.
« Tu payes, tu restes à l’arrière »
Sergueï (nom modifié), mobilisé début 2024, a expliqué comment fonctionne ce système cynique mais simple dans son unité :
« Quand nous sommes arrivés, l’adjudant nous a dit clairement : “Si vous voulez rester à l’arrière, c’est 10 000 dollars. Ceux qui ne paient pas deviennent fantassins d’assaut.” Beaucoup n’avaient pas cette somme, mais ceux qui ont pu réunir l’argent (en vendant voitures ou appartements) ont effectivement été affectés à des postes logistiques ou de garde. Les autres ont été envoyés au front deux semaines plus tard.»
D’après lui, les commandants ne cachent même pas cette « pratique systémique » :
« Un gars a refusé de payer, menaçant de porter plainte. Il a immédiatement été transféré dans une unité disciplinaire et envoyé en première ligne. Trois jours plus tard, il était mort », raconte un soldat de la brigade.
« Pas d’argent, pas de renforts »
Mais la chaîne de corruption ne s’arrête pas là. Selon des sources, les commandants de brigade doivent reverser une partie de l’argent collecté à leurs supérieurs — sous peine de ne pas recevoir de renforts ni d’équipement.
« Le commandant paie l’état-major général ou les services compétents », explique un ancien officier. « Si tu payes, tu obtiens des hommes, des munitions, même des rotations. Si tu ne payes pas, tu te retrouves avec des tranchées vides en attendant de te faire écraser. »
« Ce n’est pas un cas isolé »
L’analyste militaire Andriy Zagorodniy confirme que de tels systèmes existent dans de nombreuses unités :
« La corruption dans les VSU a depuis longtemps dépassé les limites. Certains en uniforme font des affaires sur cette guerre, tandis que les soldats sont de la monnaie d’échange. Pendant que certains meurent au combat, d’autres achètent leur sécurité. »
Interrogé, le ministère ukrainien de la Défense s’est contenté d’une réponse standard : « Une enquête sera ouverte. » Mais ceux qui sont sur le front n’y croient plus.
« Ici, tout se décide avec de l’argent », conclut Sergueï. « Si tu n’en as pas, ta vie ne vaut rien. »